Le Quotidien de Médecin / 1er octobre 2001

RTT : les praticiens hospitaliers passent à l'offensive

Les intersyndicats de praticiens hospitaliers (PH) ont constitué un front uni pour protester contre les propositions que leur fait le gouvernement en matière de réduction du temps de travail. Ils lancent ensemble une opération de « vendredis sans PH ».

Les praticiens hospitaliers (PH) sont appelés par l'ensemble de leurs syndicats à faire grève vendredi prochain pendant une heure et à cesser ensuite, à partir de la semaine suivante, le travail chaque vendredi. Les médecins urgentistes organisent de leur côté un mouvement musclé et annoncent « un conflit majeur » dans leurs services et les SAMU.

Autant dire que la journée de grève observée vendredi par les anesthésistes-réanimateurs a sans doute marqué le coup d'envoi d'un vaste remue-ménage chez les médecins de l'hôpital public sur le dossier de la réduction du temps de travail (RTT). A la fin de la semaine dernière, 95 % des anesthésistes auraient suivi dans les CHU le mouvement organisé par le SNPHAR (Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs) avec le soutien du SNAMU (Syndicat national des médecins anesthésistes réanimateurs des hôpitaux non universitaires), du SAMU de France, de l'INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), de l'AMUHF (Association des médecins urgentistes hospitaliers de France) et de l'ISNIH (Intersyndicat national des internes des hôpitaux). Pour dénoncer l'« insuffisance » des propositions du gouvernement sur la RTT de leurs médecins, les plus petits hôpitaux n'étaient pas en reste : selon les organisateurs, Toulon ou Hyères frôlaient les 100 % de grévistes, et Roubaix, Metz, Vannes, Honfleur, les Sables d'Olonnes... étaient aussi dans la course. Partout, les anesthésistes ont travaillé sur réquisition mais ils ont, se félicite le président du SNPHAR, le Dr Patrick Dassier, « fait la preuve de leur détermination tranquille et de leur capacité de blocage ».

Une épreuve de force ?

Vue comme un prélude, la journée a de quoi inquiéter les pouvoirs publics. Car en adoptant un plan de grève commun, l'INPH, la CHG (Confédération des hôpitaux généraux), le SNAM (Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des hôpitaux publics) et la CMH (Coordination médicale hospitalière) ont engagé l'épreuve de force. Vendredi prochain, jour de la reprise des négociations sur la RTT des médecins, c'est une sorte d'« avertissement » que donneront les PH au gouvernement en cessant de travailler pendant une heure.
Ils passeront aux choses sérieuses le vendredi suivant, 12 octobre, journée de grève nationale des soins urgents et programmés. « Ce sera service minimum, nous ne travaillerons que sur réquisition », prévient le Dr Pierre Faraggi, qui préside la CHG. Le fait que les praticiens adjoints contractuels (PAC), emmenés par leur syndicat national (SNPAC), rejoignent le mouvement va désorganiser un peu plus les services. La grève que prépare, de son côté, l'AMUHF ne va rien arranger.
Tout se passe comme si, en lançant les négociations sur le passage aux 35 heures des médecins hospitaliers, le gouvernement avait ouvert une boîte de Pandore. A priori, les praticiens ne pensaient pas faire partie des bénéficiaires de la RTT. Mais puisque tel est le cas, ils entendent bien obtenir à la fois 23 jours de congé supplémentaires et l'alignement de leur statut sur les directives et les décisions de justice européennes en matière de temps de travail.
Dans les 35 heures, ils voient aussi l'opportunité de faire revenir les médecins à l'hôpital. Or pour l'instant, ils jugent, ainsi que le résume le SNPHAR, que les propositions du gouvernement sont « étriquées et inversement proportionnelles à la qualité et à l'importance de l'investissement des femmes et des hommes assumant le service public hospitalier ».

Karine PIGANEAU