Le QUOTIDIEN DE Médecin / 17 septembre 2001

Les négociations sur la réduction du temps de travail à l'hôpital

Les praticiens hospitaliers s'indignent des intentions des pouvoirs publics

En quelques heures et après trois mois de silence, le gouvernement a réussi à se mettre à dos tous les syndicats dans la négociation sur la réduction du temps de travail des praticiens hospitaliers (PH). La CHG, l'INPH, le SNAM et la CMH appellent maintenant les médecins à rejoindre le mouvement de grève des personnels du 20 septembre.


Les praticiens hospitaliers rejoindront la grève des personnels qui aura lieu le 20 septembre (photo S Toubon/"le Quotidien")

Trois heures auront suffi pour que les intersyndicats de praticiens hospitaliers (PH) quittent, la semaine dernière, fort mécontents, la table des négociations sur le passage aux 35 heures des médecins à l'hôpital.
La façon dont sont organisées les discussions, les mesures que proposent le gouvernement : tout concourt à alimenter le ressentiment de la CHG (Confédération des hôpitaux généraux), de l'INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), du SNAM (Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des hôpitaux publics) et de la CMH (Coordination médicale hospitalière). A la sortie de cette séance de reprise des négociations (celles-ci ont été interrompues pendant trois mois), tandis que les quatre syndicats criaient au scandale, le ministre délégué à la Santé se félicitait de ce que les débats « avançaient des deux côtés dans le bon sens et dans un climat réconfortant » : visiblement, les PH et les pouvoirs publics ne se comprennent pas.

Scénario immuable

Depuis sept mois qu'ils ont commencé à réfléchir ensemble sur le moyen de réduire le temps de travail des médecins de l'hôpital, la direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins (DHOS) irrite les syndicats en leur soumettant au dernier moment des trains de mesures qui, sur le fond, varient peu de l'un à l'autre et que les représentants des médecins vouent aux gémonies. La semaine dernière, le scénario n'a pas changé. Rendez-vous était pris jeudi, à 15 heures, au ministère de l'Emploi et de la Solidarité. A 13 heures, les propositions des pouvoirs publics parvenaient aux syndicats. Ceux-ci, il y a quelques mois, avaient poussé des cris quand la DHOS leur avait proposé 10 jours de congé supplémentaires au titre des 35 heures : rebelote, le ministère ne modifie pas ce dispositif.
Second point : les pouvoirs publics continuent de vouloir exclure du temps de travail l'activité libérale à l'hôpital, ce qui provoque le mécontentement du SNAM et conduit la CMH à demander une révision des dispositions de départ à la retraite des médecins concernés. En outre, les pouvoirs publics rejoignent les demandes des PH en intégrant, à l'issue d'une période de transition de six ans, le temps de garde dans le temps de travail.

Un texte inapplicable et inacceptable

Problème : les modalités d'absorption imaginées par la DHOS conduisent à mettre sur le même plan travail de nuit et travail de jour, et ouvrent la porte à des amplitudes hebdomadaires de 60 heures. Enfin, le gouvernement promet de créer des postes de PH et des postes, qu'il rendrait plus attractifs qu'aujourd'hui, d'assistants. Riposte des syndicats : sans praticiens pour les occuper - il y a déjà 3 000 postes de PH vacants dans les hôpitaux -, cela n'a pas beaucoup de sens ; quant aux nouvelles conditions faites aux assistants (des primes de 5 000 euros - 32 798 francs - pour un engagement hospitalier de deux ans, de 8 000 euros - 52 477 francs - pour trois ans), elles font sourire les professionnels. « C'est 1 000 francs par mois ! Qui va être intéressé ? », s'interroge la présidente de l'INPH, le Dr Rachel Bocher. Le secrétaire général du SNAM, le Dr Jean-Claude Wagner, accuse, lui, le gouvernement de vouloir « remplacer des postes de seniors par des jeunes qui coûteraient moins cher » et prédit que les assistants nouvelle formule « quitteront de toute façon l'hôpital au bout de deux ans ».
Quand l'INPH stigmatise « un texte inapplicable et inacceptable », la CHG se dit, avec son président, le Dr Pierre Faraggi, « scandalisée et remontée ». Le SNAM parle de « propositions malhonnêtes ». Quant au Dr François Aubart, président de la CMH, il approuve certains principes posés par les pouvoirs publics, mais il dénonce leur « mise en musique provocante ». En colère, les organisations de PH grossissent les rangs des personnels mécontents de leur propre sort en matière de 35 heures. Toutes les quatre appellent les médecins à participer à la grève du 20 septembre qu'orchestrent à l'hôpital la CGT, Force ouvrière, SUD et la CFTC.

Karine PIGANEAU

Les recettes communes de l'INPH et du SNCH pour« un hôpital meilleur »

Le Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH) et l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) font des propositions communes pour « améliorer le fonctionnement du service public hospitalier ». En matière d'urgences et de démographie médicale, ils demandent aux pouvoirs publics de « passer de la réflexion à l'action ». Et leur proposent plusieurs pistes.
Parmi ces pistes, l'idée, afin d'enrayer l'afflux de patients dans les services d'urgences hospitaliers, de mettre sur place « en préhospitalier » des « centres de consultation et de soins non programmés ». Cette opération supposerait une « globalisation du financement des urgences », précisent le SNCH et l'INPH. Soucieux par ailleurs de retenir les médecins à l'hôpital, les deux organisations proposent également une sorte de statut d'attaché rénové : tout nouveau médecin aurait un rattachement automatique à l'hôpital ; pour une période donnée, il consacrerait à l'institution de 10 à 20 % de son temps et serait rémunéré au forfait.