Le Quotidien du Médecin 10 janvier 2002
Médecins à diplôme étranger : surtout dans les petits hôpitaux
Il n'existait pas, jusqu'à présent, de statistiques précises sur le sujet ; mais le Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé (CREDES) consacre une enquête aux médecins à diplôme étranger exerçant en France (Bulletin n° 45, décembre 2001).
En se basant sur le tableau de l'Ordre des médecins,
l'organisme compte quelque 8 000 praticiens qui n'ont pas obtenu en France leur
diplôme de médecine. Au 1er janvier 2001, 2 572 d'entre eux détenaient des
diplômes délivrés dans d'autres pays de l'Union européenne, ce qui leur donne
des droits équivalents à ceux de leurs confrères à « diplôme français ». Ainsi,
5 257 au moins - certains n'étant pas inscrits à l'Ordre - avaient été diplômés
hors d'Europe. A l'intérieur de cette seconde catégorie, une forte majorité de
praticiens (66,7 %) avait la nationalité française. Quand ils étaient de
nationalité étrangère (exclusion faite des ressortissants de l'Union), les
médecins à diplôme extra-européen exerçant en France venaient d'abord de pays du
Maghreb (53,7 %), puis de pays du Moyen-Orient (15,06 %), de l'Afrique - hors
Maghreb - (11,8 %), de l'Asie et du Pacifique (7 %), de l'Europe de l'Est
(6,4 %), de l'Amérique et des Caraïbes (4 %).
Les médecins diplômés hors d'Europe exerçant en France sont plus fréquemment
spécialistes (c'est le cas de 50,2 % d'entre eux) que leurs confrères français
(48,6 %). Dans le détail, ils sont aussi plus souvent pneumologues, pédiatres ou
néphrologues. Leur répartition géographique varie avec leur statut.
Au 1er janvier 2001, les quelque 4 600 d'entre eux devenus PAC (praticiens
adjoints contractuels) étaient plus nombreux au nord qu'au sud, surtout présents
dans les centres hospitaliers de petites villes à l'activité médicale modeste.
Ils y occupent, souligne le CREDES, des « postes laissés vacants par les
médecins diplômés en France ». Ils étaient peu nombreux à Paris et dans la
petite couronne de la capitale. Le phénomène était encore plus marqué pour les
médecins non PAC mais autorisés à exercer en France la médecine générale,
« installés dans les départements dont les densités médicales, à la fois
d'omnipraticiens et de spécialistes, figurent parmi les plus faibles (Mayenne,
Orne, Eure, Eure-et-Loir, Oise, Meuse...) ».
K. P.
Bernard Debré : « Un rôle indispensable »
Pour défendre l'intégration dans le système de santé français des médecins diplômés hors d'Europe - et particulièrement de ceux qui travaillent à l'hôpital avec le statut d'« attaché associé » -, quatre personnes ont observé dix jours de grève de la faim à la fin de l'année 2001 (« le Quotidien » du 17 décembre). Cette action a entraîné de nombreuses réactions, et notamment la signature par plusieurs chefs de service (les Prs Marie-Germaine Bousser, Bernard Debré, Paul Landais, Jean-Pierre Lépine, Michel Marre, Laurent Sedel, Jean-Bernard Truc) d'un texte soulignant le « rôle indispensable au fonctionnement des hôpitaux » joué par ces médecins. En déplacement à Tunis, à la veille de Noël, le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, lui aussi, s'est saisi du problème, et réclame « à diplôme égal et travail égal, (une) rémunération égale » pour les médecins à diplôme étranger.