Le Quotidien du Médecin / 17 décembre 2001-12-19
Des médecins à diplôme étranger font la grève de la faim
Afin de protester contre la précarité du statut des médecins à
diplôme extra-européen qui travaillent dans les hôpitaux français, quatre
personnes ont entamé une grève
de la
faim, vendredi : deux médecins attachés associés
(à ce titre directement concernés par ce problème), le conjoint de l'un de ces
praticiens et un médecin attaché. Cette grève
de la
faim doit durer huit jours. Elle a d'ores et
déjà reçu le soutien de très nombreuses organisations humanitaires ou politiques
(MSF, MDM, la CIMADE, AC, la Ligue des droits de l'homme, les Verts, le Parti
communiste...) et de personnalités comme le Pr Bernard Debré.
Les grévistes de la faim dénoncent la situation des médecins attachés associés,
qui gagnent autour de 9 000 F par mois, gardes comprises, et n'ont pas de
contrat de travail. Plus globalement, ils s'insurgent contre l'ensemble des
dispositions mises en oeuvre en six ans pour donner un
statut aux quelque 8 000 diplômés hors d'Europe. « Une discrimination
profonde existe toujours entre médecins à diplôme étranger et médecins diplômés
en France », accusent-ils, et « les obstacles de toute
nature ont été multipliés pour empêcher l'égalité d'exercice ».
Les engagements de Jospin
Diplômés en Tunisie ou en Argentine, les médecins en colère demandent, ainsi que l'exige la jurisprudence européenne (deux arrêts ont été rendus en ce sens en 1995 et en 2000), à être traités de la même manière que leurs confrères « à diplôme français ». Ils alertent les pouvoirs publics et rappellent en particulier à Lionel Jospin ses propos de candidat aux élections présidentielles... de 1995. « Il me paraît important qu'une concertation s'engage entre les professionnels et les pouvoirs publics afin de dégager des propositions qui permettront de redonner (aux médecins à diplôme extra-européen, NDLR) la plénitude de leurs droits et une reconnaissance officielle de leur travail », écrivait, après avoir été interpellé par les intéressés, celui qui, deux ans plus tard, allait devenir Premier ministre.
Karine PIGANEAU