du 5 octobre 2001

 

35 heures des PH : reprise des négociations sur fond de grève

Les praticiens hospitaliers sont appelés à cesser de travailler aujourd'hui pendant une heure au moins pour défendre leur conception de la réduction du temps de travail. Les anesthésistes, les urgentistes, les chirurgiens et les praticiens adjoints contractuels (PAC) seront en grève toute la journée.

Pour la première fois, c'est avec un mouvement de grève de l'ensemble des médecins de l'hôpital public en toile de fond que reprend ce matin à 10 heures la négociation sur le passage aux 35 heures des praticiens hospitaliers (PH).

A l'appel de leurs quatre intersyndicats, la CHG (Confédération des hôpitaux généraux), l'INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), le SNAM (Syndicat des médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des hôpitaux publics) et la CMH (Coordination médicale hospitalière), les PH sont en effet invités à cesser le travail aujourd'hui pendant au moins une heure afin de protester à la fois contre la manière dont le gouvernement conduit les négociations et contre le contenu des propositions des pouvoirs publics. « Nous regrettons que depuis six mois de rencontres répétées, le ministère n'ait pas modifié sa position sur de nombreux points litigieux. » Quinze jours de congés supplémentaires, la garde qui ne sera intégrée dans le temps de travail qu'au bout de six ans et avec un système de rétribution semblable le jour et la nuit : rien de tout cela ne séduit les PH. Et les propos rassurants tenus dans nos colonnes (« le Quotidien » du 1er octobre) par le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, n'ont pas calmé leurs inquiétudes. « Cela n'a convaincu personne, explique la présidente de l'INPH, le Dr Rachel Bocher, nous savons que l'enfer est pavé de bonnes intentions. Alors, nous demandons des dispositions techniques applicables. »
Pendant leur heure de protestation, qui se transformera en journée complète de grève vendredi prochain si syndicats et gouvernement ne trouvent pas aujourd'hui de terrain d'entente, les PH se réuniront en assemblée générale, alerteront les médias locaux, demanderont des rendez-vous aux agences régionales de l'hospitalisation (ARH). Ici ou là, ils bloqueront les réunions (par exemple, les réunions de CME) programmées dans leur établissement.
Certains iront plus loin. Et notamment les anesthésistes, les urgentistes, les chirurgiens et les praticiens adjoints contractuels (PAC), que leur syndicats ont appelé à faire grève toute la journée. Pour les anesthésistes, c'est donc un deuxième vendredi d'action qui commence.

Les urgentistes aussi

La semaine dernière, à l'initiative du SNPHAR (Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs), ils ont été les premiers à mobiliser les médecins hospitaliers. Avec succès, puisque dans les CHU, le mouvement a été suivi à plus de 80 %, conduisant parfois à la fermeture des blocs opératoires. Cette fois-ci, le SNMARHNU (Syndicat national des médecins anesthésistes-réanimateurs des hôpitaux non universitaires) rejoint la danse, ainsi que les chirurgiens, à l'appel du SCH (Syndicat des chirurgiens hospitaliers). Les urgentistes vont grossir les rangs des protestataires : l'AMUHF (Association des médecins urgentistes hospitaliers de France) et le SUH (Syndicat des urgences hospitalières) les appellent à cesser le travail toute la journée. « Les urgentistes ne sauraient accepter une absence totale de modernisation et d'amélioration concrètes de leurs conditions de travail dans un très court délai », précise le SUH. Autre ralliement de poids : celui des praticiens adjoints contractuels (PAC), à l'appel de leur syndicat national - le SNPAC. Ils sont près de 4 500 à travailler dans les hôpitaux.
Dans ce concert, seuls les professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) ont fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas, en tant que « cadres dirigeants », passer aux 35 heures.

Karine PIGANEAU