Journal
du 20/03/2001
Un PAC sur cinq est devenu praticien hospitalier
Les médecins à diplôme étranger, praticiens adjoints contractuels (PAC), ont pu pour la première fois cette année passer le concours de praticien hospitalier (PH). Près de 900 l'ont réussi. Ils ne sont pas forcément au bout de leurs peines car ils doivent maintenant se trouver un poste.
S UR les quelque 4 400 médecins à diplôme extraeuropéen devenus praticiens adjoints contractuels (PAC), 872 sont désormais praticiens hospitaliers (PH). Cela signifie que près d'un médecin reçu PH cette année sur trois (30 %) est, à l'origine, titulaire d'un diplôme étranger.
Six ans après que Simone Veil, alors ministre de la Santé,
a lancé le processus de régularisation de la situation des 8 000 médecins
diplômés hors de l'Europe qui travaillent dans les hôpitaux français,
l'ultime étape de leur intégration dans le système hospitalier tricolore a
donc été franchie.
Pour les 872 lauréats de 2001, le parcours aura été long : avant
de se présenter au concours de PH type 2 (épreuves écrites et orales),
il leur aura fallu d'abord passer les épreuves nationales d'aptitude à la
fonction de PAC, exercer à l'hôpital sous ce statut certes moins précaire
que le statut d'associé, qui leur était jusque-là réservé, mais soumis à
un contrat renouvelé tous les trois ans.
Devenus PH, les PAC n'en sont peut-être pas, pour autant, au bout de leurs
peines. Car ils viennent se heurter à la réalité de l'hôpital public dans
l'Hexagone, et plus exactement aux milliers de postes de PH qui y sont
vacants.
Bras de fer
Parce qu'ils sont géographiquement perdus ou parce que le
travail y est trop pénible, 2 000 postes de PH environ ne trouvent
pas preneurs, ce qui n'est pas sans poser de graves problèmes de permanence
des soins ici ou là. Et deux logiques s'affrontent. Celle du ministère de la
Santé, qui voudrait bien que les PAC fraîchement devenus PH occupent en
priorité ces postes vacants. Celle des PAC, qui plaident pour une
transformation du poste qu'ils occupent déjà en tant que PAC en poste de PH.
Le bras de fer est un peu faussé par l'engagement pris en faveur de la
transformation des postes par les pouvoirs publics, lors de la signature avec
les syndicats de PH du « protocole Aubry » de mars 2000 (à
condition que cela ne contrarie pas le SROS - schéma régional
d'organisation sanitaire - et que l'hôpital dispose des moyens nécessaires
à cette transformation : un poste de PH coûtant 280 000 francs
plus cher qu'un poste de PAC). Quatre-vingt millions de francs ont
d'ailleurs été affectés en 2001 spécifiquement à la reconversion de
postes de PAC en postes de PH, ce qui correspond au financement de près de
300 opérations.
Néanmoins, avec ses postes vacants sur les bras, la DHOS (direction de
l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins) est sans doute tentée de ne
pas créer de nouveaux postes de PH, ce que revient à faire ipso facto
la transformation des postes de PAC.
La " chasse " aux postes est ouverte
Quant aux PAC, qui travaillent déjà dans certains cas sur
des postes de PH vacants, ils mettent en avant les failles du dispositif :
« Envoyer les PAC-PH sur les postes vacants ne fait que déplacer le
problème, explique le Dr Hani-Jean Tawil, président du Syndicat
national des PAC (SNPAC), car que va devenir leur poste de PAC ? »
De fait, les 4 400 praticiens adjoints contractuels occupent souvent
des places qui font peu d'envieux, notamment dans les services d'urgence, et
on peut se demander ce que deviendront leurs équipes s'ils s'en vont. Au-delà
de ce problème d'organisation, les PAC font de la transformation de leur
poste une question de principe. « On est utile quand on ne coûte pas
cher. Quand on coûte cher, il faut aller loin. Nous, nous voulons bien
voyager, nous voulons bien boucher les trous, mais il faut que le système
soit équitable pour tout le monde », s'indigne le Dr Tawil. Le
président du SNPAC est d'autant plus en colère qu'il affirme qu'une
trentaine de postes de PAC transformés en postes de PH seraient aujourd'hui
occupés par des PH non PAC.
La chasse aux postes est ouverte. Pour les PAC, ce n'est pas à proprement
parler une nouveauté : en tant que praticiens adjoints contractuels, la
moitié d'entre eux n'a pas trouvé de poste correspondant à leur statut. Les
postes (4 000) sont bien affichés, mais soit ils sont gelés faute de
financement, soit ils sont tellement peu attractifs que les PAC préfèrent
rester là où ils sont, avec un statut - un salaire ! -
d'associé.
Karine PIGANEAU