PAC
: la nouvelle bataille de la qualification
L E service de radiologie de l'hôpital
parisien Saint-Louis a dû tourner au ralenti mercredi après-midi : cinq de ses
médecins, diplômés en Tunisie ou en Algérie, ont en effet déserté les
lieux pour manifester avec une petite centaine de leurs confrères devant
l'Assemblée nationale, à l'appel du SNPAC (Syndicat national des praticiens
adjoints contractuels). Ils ont laissé les malades aux bons soins de leurs
trois confrères à diplôme français.
Les praticiens adjoints contractuels devant l'Assemblée pour exiger que la loi
leur permette d'obtenir leur qualification (photo S.Toubon)
Si ces cinq radiologues, dont trois sont PAC
(ayant satisfait aux épreuves nationales d'aptitude à cette fonction qui intègre
les médecins à diplôme extra européen dans les hôpitaux français) et deux
en passe de le devenir ont fait le déplacement, c'est parce qu'ils réclament
à la représentation nationale que la loi leur permette d'obtenir la
qualification dans leur spécialité (1). Une reconnaissance ordinale que les médecins
à diplôme étranger peinent à obtenir ou ne peuvent pas obtenir dans
certaines spécialités dont les commissions de qualification sont fermées.
Aujourd'hui, alors que la quasi-totalité des 4 000 PAC
sont inscrits au tableau général de l'Ordre, et donc autorisés à exercer la
médecine générale à l'hôpital et en ville, 620 seulement sont qualifiés
dans leur spécialité. « La situation est aberrante, résume l'un des
radiologues de Saint-Louis. Est-il logique que ce monsieur-là (il désigne
l'un de ses confrères) signe des comptes rendus sur la base desquels on va
opérer des gens et ne soit pas qualifié en radiologie ? Dans notre service
nous sommes tous seniors, nos comptes rendus ne sont pas relus, nous assurons 60
à 70 % des gardes. »
« Nous exerçons à l'hôpital une fonction de spécialiste, mais dès que
nous mettons le pied dehors, nous sommes généralistes, s'étonne un autre PAC.
Nous demandons juste qu'on nous attribue pleinement le droit d'exercer nos
responsabilités à l'hôpital. Parce que se lancer dans une carrière libérale
quand on s'appelle Mohamed, c'est difficile. »
Aux députés, les PAC sont venus dire qu'ils ne
veulent plus, comme le raconte un jeune chirurgien diplômé de l'autre côté
de la Méditerranée, que leurs patients puissent les apostropher en ces termes
: « Docteur, vous allez m'opérer, mais j'ai vu sur Internet que vous êtes
généraliste. »
Karine PIGANEAU
(1) L'article 17 du projet de loi de modernisation sociale actuellement en discussion prévoit qu'un décret déterminera les conditions dans lesquelles les PAC pourront obtenir leur qualification .