Hôpitaux publics - La Marseillaise du 10 avril 2001

Les praticiens adjoints contractuels sont toujours déconsidérés

 L'intégration des médecins diplômés étrangers est trop lente. Le Syndicat des praticiens adjoints contractuels dénonce le maintien de la discrimination.

De nouvelles menaces planent sur l'hôpital public. Que se passera-t-il, si au mois de juillet et août, en pleine période estivale, les praticiens adjoints contractuels font la grève des gardes ? C'est l'avertissement que lance le Syndicat de cette catégorie de praticiens hospitaliers non statutaires qui ont pour particularité de ne pas avoir obtenu leur diplôme en France.

« Les. quelques avancées que l'on a obtenu en 1999 ont été grignotées depuis, car on pas bénéficié du protocole Aubry. Tout compte fait au niveau de la rémunération nous sommes toujours payés 50% de moins qu'un praticien hospitalier pour le même type de travail.  Mais actuellement ce qui nous mobilise c'est le non-respect des accords et le nombre de postes qui demeurent vacants » déclare le Dr Ayoub Mdhafar, anesthésiste à l'hôpital La Timone Enfants, délégué régional du Syndicat.

Le système français manque de médecins et donc on fait appel à des diplômés étrangers que l'on maintient dans un statut précaire.  Le premier pas vers une lente normalisation, qui demeure inachevée, remonte en 1995 avec la création du statut de praticiens adjoints contractuels.  Cette catégorie est ouverte à ceux qui réussissent un examen d'aptitude et les textes précisent que des postes seront attribués automatiquement.

« Dans les faits au niveau national on constate que sur les 4500 médecins qui ont passé cette équivalence et obtenu le titre de PAC, deux mille d'entre eux n'ont toujours pas de poste et continuent à subir les statuts précaires, de vacataires, assistants associés ou toute sorte de montages divers », poursuit-il.  Depuis mai 2000 ce sont les agences régionales d'hospitalisation qui sont chargées de créer les postes au niveau régional.  Particulièrement attentifs les PAC constatent que l'ARH PACA conserve délibérément un total de 38 postes vacants ou utilisés à d'autres finalités. « Alors que nous avons ici dans, la région 45 PAC qui n'ont toujours pas de poste. Nous avons eu réellement l'impression, lors de notre dernière entrevue avec L'ARH et la DDASS, le 4 avril dernier d'être déconsidérés.  A vrai dire on se moque de notre avis », insiste-t-il.

Et la frustration est encore plus vive pour ceux qui ont saisi l'opportunité ouverte par un texte de loi de juin 1999, accordant la possibilité aux PAC de se présenter au concours de praticien hospitalier. 872 anciens praticiens adjoints contractuels, au niveau national, ont franchi ce pas.  Mais là aussi la générosité des texte se réduit comme peau de chagrin quand il s'agit de passer aux actes.  Car si un PAC coûte 343 000 francs annuels un PH vaut près du double, soit 651 000 francs.  Aussi l'administration hospitalière et surtout les tutelles traînent es pieds, et seulement 358 postes ont été transformés.

Le protocole établit en 1995 (et les passerelles par lui aménagées) doit s'arrêter en mars 2002.  A compter de cette date, les médecins diplômés à l'étranger ne pourront plus améliorer leur statut.  Mais est-ce pour autant que l'hôpital public pourra se passera de leurs services ?

Antonio MOREIRA

HOPITAUX –La Provence du 9 avril 2001

La grogne des médecins à diplôme étranger

Anesthésie-réanimation, pédiatrie, gynécologie-obstétrique, néonatalogie, psychiatrie : plus contraignantes, plus lourdes en responsabilités, ces spécialités manquent de médecins.  Pour combler les manques, les hôpitaux font donc appel à la "main d'oeuvre" étrangère : 4 500 médecins qui ont acquis leur diplôme hors communauté européenne participent ainsi au fonctionnement des hôpitaux français, tout particulièrement dans les hôpitaux de proximité.

Payés deux fois moins que les titulaires, ceux qu'on nomme les Praticiens adjoints contractuels (Pac) assurent les mêmes tâches que leurs confrères praticiens hospitaliers.  "Une bonne partie d'entre eux travaillent en tant que vacataires, à 5 000 ou 6 000 F par mois ", explique Ayoub Mdjafar, délégué du Syndicat national des Pac (SNPac) en Paca, qui estime que dans la région, "tout est ,fait pour maintenir les médecins étrangers dans la précarité ».

D'après le SNPac, 38 postes de Pac existant dans les hôpitaux régionaux seraient vacants ou utilisés autrement. "Ces postes en grande partie financés par l’Etat, sont un moyen pour les établissements de détourner des crédits pour d'autres dépenses » regrette Ayoub Mdafar.

Pour la première année, le concours de PH a pourtant été ouvert aux Pac, afin de leur ouvrir une possibilité de titularisation.  "872 ont réussi, mais le ministère n'a financé que 258 postes.  Dans la région, où 175 Pac ont été admis, seuls... huit postes sont proposés ".

Pour faire avancer leur situation, les médecins à diplôme étranger sont aujourd'hui prêts à passer à l'action.  Le mouvement de grève qui pourrait être décidé prochainement est susceptible de lourdement perturber le fonctionnement des petits hôpitaux.

S.Ma.