Le Quotidien de Médecin / 20 novembre 2001-

Démographie médicale : près de deux cent mille médecins sont en activité en France

Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité a fait ses propres comptes sur la situation, au 1er janvier 2001, du corps médical français. Au fil de 150 tableaux, il décortique la composition et la répartition des 196 000 médecins qu'il répertorie.

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Dans un « Document de travail », la DREES (direction de la Eecherche, des Etudes, de lEvaluation et desStatistiques du ministère de l'Emploi et de la Solidarité) publie ses estimations de la situation du corps médical au 1er janvier 2001 (1).

Plus récentes que les derniers chiffres publiés par l'Ordre national des médecins (qui faisaient un état des lieux un an plus tôt - « le Quotidien » du 13 décembre 2000), les données du ministère sont aussi légèrement différentes dans la mesure où elles n'utilisent pas les mêmes sources (voir encadré). Cependant, elles confirment bien sûr les mouvements et les tendances démographiques observés par les professionnels : inégalité de la répartition avec un clivage Nord-Sud, sous-densité médicale en milieu rural, féminisation, spécificités de la région parisienne...
Dans toute la France métropolitaine, la DREES compte 196 000 médecins - 96 246 généralistes et 99 754 spécialistes, auxquels s'ajoutent les 3 445 praticiens recensés dans les DOM. 118 141 sont des libéraux, 77 859 des salariés (dont 55 970 hospitaliers).

Moins de femmes médecins en Corse

Le taux de féminisation de l'ensemble du corps médical est estimé à 36,4 %. Il est plus important (37 %) chez les spécialistes que chez les généralistes (35,8 %) et se répartit en 29,1 % en ville, 47,6 % chez tous les salariés (40,5 % à l'hôpital). La présence des femmes varie également beaucoup d'une région à une autre (voir carte) : les femmes sont nombreuses parmi les médecins franciliens (42,8 %), mais elles le sont beaucoup moins en Corse (29,6 %). En outre, c'est dans les classes d'âges les plus jeunes qu'elles fournissent les plus gros contingents de médecins : chez les 30-34 ans, il n'y a guère plus que l'île de Beauté où les médecins femmes ne sont pas majoritaires.
Tous sexes confondus, mais toujours au chapitre de l'âge, les situations sont également contrastées d'une région à une autre (voir cartes). La comparaison interrégionale rencontre moins d'aspérités quand on étudie la part que représentent les nouvelles recrues dans tout
le corps médical que quand on se livre au même exercice au-dessus de 55 ans. Dans le premier cas, seul le Nord - Pas-de-Calais se fait vraiment remarquer avec plus d'un quart de ses médecins âgés de moins de 40 ans. A l'autre extrémité de la pyramide, les régions sont plus nombreuses à sortir du lot d'une façon ou d'une autre. Ainsi, si plus d'un cinquième des médecins franciliens a plus de 55 ans, seulement un médecin franc-comtois sur dix (deux fois moins) est dans la même tranche d'âge.

Une revue de détail

La DREES passe le corps médical par de multiples cribles. « Par spécialité et secteur d'activité », « par spécialité et tranche d'âge », « par spécialité et tranche d'unité urbaine », « par région et tranche d'âges, densités par région et département »... En 85 pages et quelque 150 tableaux, les critères de détermination sont croisés presque à l'infini et une revue de détail est faite pour chaque spécialité. Les données sont parfois à la limite de l'insolite.

3% des psychiatres exercent dans les campagnes

On apprend par exemple que la France compte 1 711 médecins - 1 690 généralistes et 21 spécialistes - à la fois acupuncteurs et homéopathes (dont 31,3 % de femmes), que trois dermato-vénérologues, deux gynécologues médicaux... se réclament de cette double qualification. On note aussi qu'un peu plus de 3 % des médecins biologistes salariés ont plus de 70 ans, ou encore que la psychiatrie est une des spécialités les plus représentées dans les communes rurales (3 % des psychiatres y officient). On découvre qu'il n'y a aucun médecin de moins de 30 ans dans les communes de moins de 100 000 habitants et qu'aucun médecin ayant dépassé la 70 ans n'exerce dans les villes de moins de 50 000 âmes.

Karine PIGANEAU

(1) Daniel Sicart, « Les médecins. Estimations au 1er janvier 2001 », document de travail de la DREES, série statistique, n° 28, octobre 2001.

Un compte difficile à faire

Pour établir ses statistiques relatives au corps médical, la DREES panache un certain nombre de données.
L'essentiel de ses chiffres se base sur le répertoire administratif « Adeli », auquel tous les médecins sont tenus de s'inscrire. Problème, certains praticiens - « surtout en milieu hospitalier » - oublient de se plier à cette règle. Une omission qui contraint la DREES à redresser les chiffres d'Adeli en « confrontant plusieurs sources ». L'Ordre national des médecins, les enquêtes Emploi de l'INSEE, le SNIR (système national inter-régime) élaboré par la CNAM (Caisse nationale d'assurance-maladie) sont donc appelés à la rescousse du boulier ministériel.
Ce faisant, la DREES synthétise les travaux des « divers producteurs de chiffres », comme elle les appelle poétiquement. Car chacun utilise des champs et des modes de calcul différents, perd des médecins en route ou bien en compte qui ont cessé de travailler, range dans une case un médecin qu'un autre placera dans une autre case...