Le Quotidien du Médecin / 8 novembre 2001

Rémunération des gardes à l'hôpital : la colère des médecins associés

Nouveau rebondissement dans l'histoire déjà mouvementée de la rémunération des gardes des médecins associés.

Alors que plusieurs hôpitaux annoncent qu'ils vont appliquer l'arrêté du 5 février 2001, qui fixe les émoluments liés à la garde des quelque 2 000 assistants et attachés associés, tous à diplôme étranger, à 1 250 F brut (190,56 euros), au lieu des 1 520 F d'usage (231,72 euros), les médecins concernés se sont mis en grève dans trois établissements franciliens : Lariboisière, Avicenne et le centre antipoison Fernand-Widal. Leur mouvement menace de « faire tache d'huile », annonce le Syndicat Médical Plus (SM +). Les associés exerçant dans d'autres établissements sont susceptibles de faire grève et ils pourraient être rejoints, prévient le Syndicat national des praticiens adjoints contractuels (SNPAC), par l'ensemble des médecins à diplôme extra-européen, soit un total de 8 000 médecins qui assurent à eux tous plus de 30 % des gardes en réanimation, 40 % en néonatologie, plus de 50 % au SAMU et dans les services d'urgences. Si ce contingent de médecins - près du quart des effectifs médicaux des hôpitaux publics français - se mettait en grève, il y aurait de quoi désorganiser sérieusement les tableaux de garde.
Cette agitation constitue le énième épisode d'un feuilleton qui dure depuis près de deux ans.
Au début de l'année 2000, un premier texte avait en effet fixé à 1 000 F (152,45 euros) le niveau de la rémunération des gardes des associés. Tollé dans la communauté hospitalière : le gouvernement avait été obligé de surseoir. Puis il avait coupé la poire en deux en février dernier, décidant de payer ces gardes 1 250 F. Nouvelle colère des hospitaliers sur le thème « A travail égal, salaire égal ». Résultat, l'arrêté entérinant ce choix n'avait pas, jusqu'à présent, été appliqué et les hôpitaux ont continué à rémunérer les gardes des médecins associés comme celles de leurs confrères diplômés en France.
La récente remise en question de ce statu quo a fait bondir plusieurs organisations. Le SNPAC, le SM + (« le Quotidien » du 5 novembre), mais aussi le Comité des médecins à diplôme étranger (CMDE) qui réclame « l'abrogation de l'arrêté du 5 février 2001 ». Le syndicat argumente : « La France a besoin, plus que jamais, de ces médecins à diplôme étranger pour faire face à la pénurie qui frappe plusieurs spécialités et qui pose énormément de problèmes à l'élaboration des tableaux de garde dans certains centres hospitaliers. » L'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUHF) va plus loin en demandant « que des statuts sociaux corrects soient proposés à tous les médecins travaillant comme attachés, assistants, français comme étranger » et que « les gardes soient payées un franc symbolique de moins pour les médecins n'ayant pas la plénitude d'exercice ».

Karine PIGANEAU