AMÉNAGEMENT ET RÉDUCTION

DU TEMPS DE TRAVAIL

DES MÉDECINS HOSPITALIERS

 

PROJET DE CADRAGE NATIONAL

 

 

Le 15 février 2001, la ministre de l'emploi et de la solidarité et le ministre délégué à la santé ont ouvert avec les quatre organisations intersyndicales représentatives des médecins hospitaliers les négociations sur l'aménagement et la réduction du temps de travail (ARTT), en indiquant qu'au cours de l'été le cadrage national serait fixé avec la définition et les modalités de décompte du temps de travail, avec le principe de l'intégration des gardes en application de la réglementation européenne, la définition et les modalités de gestion de la période transitoire, la méthodologie de négociation dans les établissements, ainsi que les critères de répartition des moyens nouveaux entre régions et établissements.

 

Trois réunions plénières ont été organisées au premier semestre, sous la présidence du directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins, ainsi que plusieurs cycles de réunions bilatérales avec les organisations syndicales.

 

L'ARTT appliqué aux médecins hospitaliers comprend deux dimensions souvent confondues mais pourtant bien distinctes

 

-           d'une part, une négociation classique sur le volume de temps travaillé à l'imitation des autres professions : c'est la négociation ARTT à proprement parler.

-           d'autre part la nécessité depuis une jurisprudence de la Cour de justice des communautés européennes (arrêt SIMAP du 3 octobre 2000), d'intégrer les gardes dans le décompte du temps travaillé.

 

Les premières discussions ont permis de valider un questionnaire destiné à décrire l'organisation de la permanence médicale au sein de chaque établissement. Il a été diffusé à tous les établissement publics de santé au printemps dernier, afin de les aider à établir un diagnostic interne et à fonder les négociations sur les réorganisations et les moyens supplémentaires avec les Agences régionales de l'hospitalisation.

 

Dans le même temps, une mission nationale d'appui présidée par Monsieur Jacques Roché, conseiller maître honoraire à la Cour des Comptes, assisté de deux membres de l'Inspection générale des affaires sociales et d'un groupe de professionnels hospitaliers, a été mise en place pour mieux appréhender les réformes à conduire dans l'organisation médicale des établissements hospitaliers pour accompagner la mise en place de L'ARTT. Depuis fin avril, elle a d'ores et déjà visité plusieurs établissements et rencontré de nombreux acteurs. Elle a joué un rôle de sensibilisation auprès des établissements, en particulier sur les conséquences de la réforme en matière de réorganisation médicale.

 

 

 

 


I - Les principes

 

Les négociations ont permis d'arrêter les principes suivants

 

premier principe

 

Les modalités d'aménagement et de réduction du temps de travail applicables aux médecins, ont été élaborées par analogie avec celles applicables aux cadres, ce qui conduit à accorder aux médecins une réduction forfaitaire annuelle de la durée de leur travail à compter du 1 e` janvier 2002.

 

Deuxième principe

 

L'activité libérale, autorisée pour certaines catégories de médecins hospitaliers, est actuellement incluse dans le décompte des obligations de service. Sans remettre en cause la possibilité, pour les intéressés, d'exercer une part de leur activité sous cette forme, le temps consacré à l'activité libérale est exclu du calcul de la durée du temps de travail correspondant aux obligations de service statutaires.

 

Troisième principe

 

L'intégration du temps de garde dans le temps de travail, en application de la réglementation européenne, devra être effectif à l'issue d'une période de transition de six années.

 

Quatrième principe

 

Des mesures spécifiques de nature à rendre attractive la carrière hospitalière pour les jeunes médecins seront mises en oeuvre

 

II - Les modalités de mise en oeuvre

 

Le dossier joint comporte les fiches de mise en ouvre suivantes

 

-           fiche n° 1 : redéfinition du temps de travail :

o       .jours libérés au titre de l'ARTT,

o        modalités de décompte du temps de travail,

o        compte épargne temps,

o        temps partiel,

-           fiche n° 2 : activité libérale,

-           fiche n° 3 : valorisation de l'assistanat,

-           fiche n° 4 : gestion de la période transitoire.

 

Dès à présent, chaque établissement, sur la base d'une mise à plat de l'organisation médicale et notamment de la permanence médicale, doit élaborer des propositions de réorganisation prenant en compte les modalités définies par le présent cadrage national. Ces projets seront soumis à l'avis de ses instances (commission médicale d'établissement et conseil d'administration). Ensuite, une négociation sera engagée entre les Agences régionales de l'hospitalisation et les établissements de santé, qui finalisera ces propositions en favorisant la mutualisation des moyens humains et les coopérations entre établissements. Elle se conclura par un volet du contrat d'objectifs et de moyens.

 

 

 

 


FICHE n° 1

 

Redéfinition du temps de travail

 

1 -1 Jours libérés au titre de l'ARTT

 

 

Pour ce qui concerne la réduction du temps de travail, les médecins hospitaliers sont considérés comme des cadres dont le décompte du temps de travail s'effectue en jours.

 

On retient l'hypothèse de maintenir pour les médecins hospitaliers les 10 demi-journées hebdomadaires actuelles.

 

La réduction du temps de travail se traduit, par conséquent, pour tous les médecins hospitaliers par l'attribution de 10 jours de congés supplémentaires. Le nombre annuel de jours travaillés passe ainsi de 228 à 218 jours.

 

Ces jours seront compensés par des recrutements de praticiens hospitaliers et d'assistants.

 

 

Les réorganisations internes auxquelles les établissements publics de santé devront procéder pour prendre en compte la disparition de la notion de garde, seront mises en place progressivement : cette évolution liée à la réglementation européenne constitue un bouleversement culturel qui nécessite une mise à plat, par chaque établissement, de son organisation actuelle, puis une réflexion sur les différentes organisations possibles pour maintenir la continuité médicale en tenant compte à la fois de la sécurité qui doit être garantie, de la réalité des besoins, des moyens en personnels médicaux, des « mutualisations » éventuelles internes à l'établissement, des coopérations à instaurer avec les établissements de santé relevant d'un même bassin de vie. Ces organisations nouvelles interviendront à l'issue de concertations étroites menées avec les agences régionales de l'hospitalisation.

 

 

 

 


FICHE n° 1

 

Redéfinition du temps de travail

 

1 - 2 modalités de décompte

 

L'organisation du temps de travail des médecins hospitaliers va se trouver simultanément confrontée à deux modifications

 

-      La réduction du temps de travail qui concerne l'ensemble des médecins hospitaliers.

- L'application de la directive 93/104 du 23 novembre 1993 qui entraîne l'intégration dans le temps de travail des périodes de permanence à l'hôpital, jusqu' alors assurées en sus du temps de travail.

 

L'application simultanée de ces deux dispositions entraîne des modalités de décompte du temps de travail différentes, suivant le niveau de contrainte auquel sont soumis les différents médecins hospitaliers.

 

L'application de la directive européenne 93/104 implique une modification de l'organisation de la permanence médicale. En effet, elle établit une nouvelle définition du temps de travail en intégrant les gardes à l' hôpital dans le temps effectif de travail tout en limitant à 48 heures maximum le temps de travail hebdomadaire en moyenne sur quatre mois.

 

Deux types d'organisation devront être mis en place selon les activités concernées

 

1° Les services ou la permanence médicale est assurée par une astreinte (contrainte faible).

 

Dans ce cas le temps de travail est décompté forfaitairement en jours ou en demi-journées. Lorsque le praticien assure une astreinte, en sus de son temps de travail, il bénéficie alors, outre l'indemnisation de cette astreinte, d'une rémunération forfaitaire lorsqu'un travail effectif est réalisé durant l'astreinte (rémunération forfaitaire adaptée du dispositif actuel).

 

 

2° Les services qui nécessitent une présence médicale permanente (contrainte moyenne et forte).

 

Dans les services à temps continu (contrainte forte) les tableaux de services organisent, 24h/24, l'activité de chaque médecin par plages de travail de 12 h maximum (plages de jour et plages de nuit).

 

Pendant la période transitoire, jusqu'à ce que le renforcement des effectifs soit réalisé, les médecins pourront être conduits à effectuer

 

-       des plages de travail de nuit ou de week-end, indemnisées selon le système actuel des gardes ;

 

-    le cas échéant, des plages de travail supplémentaires, hors gardes, au-delà de 48 heures, qui feront l'objet d'une compensation soit financière (prime forfaitaire de sujétion exceptionnelle fixée par arrêté), soit en jours CET. Le volet annexé au contrat d'objectifs et de moyens précisera le calendrier des recrutements qui permettront, au plus tard à l'issue de la période transitoire, de faire disparaître ces plages de travail supplémentaires.

 

 

* Dans les services à contrainte moyenne, les tableaux de service sont établis par demi-­journées et le temps de travail est décompté forfaitairement en demi-journées (au maximum dix demi-journées hebdomadaires en moyenne sur quatre mois).

 

Certaines de ces dix demi-journées peuvent être effectuées sur des plages de nuit (deux demi-journées pour une nuit), sans donner lieu à rémunération supplémentaire (une plage de nuit peut être couverte par une demi-journée plus une astreinte).

 

Afin d'assurer la permanence médicale, les médecins de ces services peuvent être amenés à assurer des demi-journées supplémentaires au delà des 10 demi-journées correspondant à leurs obligations de service

 

-    s'il s'agit de plages de travail de nuit ou de week-end, elles seront indemnisées selon le système actuel des gardes ;

-    s'il s'agit de plages de travail supplémentaires,, hors gardes, au-delà de dix demi-journées, qui feront l'objet d'une compensation soit financière (prime forfaitaire de sujétion exceptionnelle fixée par arrêté), soit en jours CET. Le volet annexé au contrat d'objectifs et de moyens précisera le calendrier des recrutements qui permettront, au plus tard à l'issue de la période transitoire, de faire disparaître ces demi-journées supplémentaires.

 

A terme, (en 2007) la durée de travail hebdomadaire ne pourra excéder dix demi-journées hebdomadaires (ou 48 heures hebdomadaires) en moyenne sur quatre mois, temps de permanence des soins compris.

 


FICHE n' l

 

Redéfinition du temps de travail

 

1 - 3 Compte épargne temps

 

Les jours RTT peuvent être cumulés sur un compte épargne temps (CET), par période maximale de cinq ans, (éventuellement renouvelable une fois dans le cadre de la période transitoire de montée en charge).

 

S'agissant des jours RTT qui ne pourront être pris par les médecins, au cours de la première année notamment, mais seront travaillés pour assurer la continuité du service, ils seront versés obligatoirement sur un compte épargne temps et, par conséquent, ne pourront donner lieu à rémunération supplémentaire.

 

Pendant la période transitoire, les plages de travail supplémentaires effectuées au delà des obligations statutaires peuvent, au choix du médecin, alimenter le compte épargne temps, à raison d'un jour par plage de travail supplémentaire de 2 demi-journées ou de 12 heures pour les activités à temps continu. Une fois fait, ce choix ne peut ultérieurement être remis en cause

 

La totalité des jours ainsi épargnés ne peut excéder 25 jours par an ;

 

Les jours épargnés peuvent être consommés à tout moment à partir du le` janvier 2003, sous réserve que la continuité du service soit assurée ;

 

Les droits acquis au titre du CET sont transférés lorsque le médecin change d'établissement, pour la période restant à courir ;

 

En cas de changement de statut (par exemple nomination d'un assistant en qualité de PH), le compte épargne temps doit être soldé avant le changement de statut.

 

 

 

 

 


FICHE n° 1

 

Redéfinition du temps de travail

 

1 - 4 Temps partiel

 

II existe deux situations

 

1 ° ) Les praticiens à temps partiel (statutaires; contractuels, assistants).

 

Leurs obligations de service sont actuellement fixées en demi-journées hebdomadaires (4, 5 ou 6 demi-journées pour les statutaires et les contractuels et 6 pour les assistants à temps partiel).

 

2°) Les praticiens à temps plein bénéficiant d'un temps réduit ou d'un congé parental à temps partiel.

 

Le temps réduit est accordé par périodes de 6 mois ou un an renouvelables. Il s'exerce à 80 ou 50%.

 

Le congé parental à temps partiel est accordé pour les mêmes quotités de temps travaillé par périodes de 6 mois.

 

Ces deux catégories de praticiens peuvent relever, comme les praticiens à temps plein, des deux types d'organisation : service de jour et astreintes et activité nécessitant une présence médicale permanente.

 

Ils bénéficient de jours RTT dont le nombre est calculé proportionnellement à leurs obligations de service.

 

Ils peuvent, à titre transitoire, le cas échéant, effectuer des plages de travail supplémentaires rémunérées forfaitairement, selon les dispositions prévues au point 1.2.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

FICHE n°2

 

Activité libérale

 

Les praticiens statutaires à temps plein gardent la possibilité d'exercer une activité libérale à l'hôpital en sus de leurs obligations de service.

 

Les règles qui régissent l'activité libérale demeurent inchangées.

 


FICHE n°3

 

Valorisation de l'assistanat

 

La réduction du temps de travail des médecins hospitaliers et la nouvelle définition du temps de travail justifient la création de postes de médecins hospitaliers.

 

Un objectif majeur est, dans ce cadre, de recruter de jeunes médecins diplômés afin de renforcer rapidement les effectifs médicaux et d'inciter un certain nombre d'entre eux à poursuivre une carrière hospitalière.

 

Il est établi que l'attractivité des postes hospitaliers passe, pour les jeunes médecins, par une meilleure connaissance de l'exercice hospitalier notamment dans les hôpitaux généraux.

 

Cependant, de nombreux postes d'assistants spécialistes ne sont pas pourvus. Ainsi, sur le contingent national de 200 postes crées en 1999 dans le cadre d'un plan triennal (1999­2001) de création de postes d'assistants, un an plus tard seuls 108 postes avaient pu être pourvus et un certain nombre d'entre eux ont dû être transformés en postes de praticiens contractuels par les directeurs d'Agence régionale de l'hospitalisation pour retenir des candidats. De même, des difficultés apparaissent dans les deux régions (Haute-Normandie et Basse-Normandie) où a été mis en place, à titre expérimental, un assistanat régional, expérience qui permet à des jeunes assistants nommés sur des hôpitaux généraux de poursuivre pendant deux ans leur formation au C.H.U. Ces expériences, qui ont été bien accueillies par les jeunes médecins se heurtent, toutefois, au niveau de la rémunération des assistants et on constate que dès la deuxième année les postes dédiés à l'expérimentation ne sont que partiellement pourvus.

 

Il convient donc de renforcer l'attractivité de ces postes pour atteindre un flux de recrutement cible de 1600 assistants par an. Pour ce faire, le dispositif suivant sera mis en place : au moment du recrutement initial, versement d'une prime de 5 000 euros (32 798 F) en contre partie d'un engagement de deux ans dans l'établissement en qualité d'assistant ou de 8 000 euros (52 477 F) en contre partie d'un engagement d'emblée de 3 ans.

 

I 3/09/0 I

 


FICHE n° 4

 

Gestion de la période transitoire

 

Les recrutements nécessaires à la mise en place de l'ARTT seront étalés sur plusieurs années, ce qui impose de prévoir un dispositif particulier pour la période transitoire, proposé selon les modalités ci-après.

 

1. Maintien du dispositif actuel des gardes, aménagé.

 

La durée de la garde est ramenée à une plage de travail uniformisée de 12 heures (pour 14 heures actuellement), afin de permettre aux établissements de préparer l'intégration progressive du temps de garde dans le temps de travail sur la base de tableaux de service. Cette mesure permet en outre d'aligner la durée de la garde de nuit avec celle des gardes de week-end, ce qui va dans le même sens.

 

Cette durée permet en outre de mettre en place le temps obligatoire de repos de sécurité.

 

La rémunération forfaitaire actuelle est maintenue : en effet, pendant la période transitoire de montée en charge des recrutements, les parties en présence conviennent de l'impossibilité d'inclure immédiatement le temps des gardes dans le temps de travail et, par conséquent, du maintien du mode forfaitaire d'indemnisation. La réduction de deux heures de la durée des gardes est liée aux impératifs de réorganisation et s'accompagne d'une augmentation moyenne de près de 9 % de la rémunération actuelle des gardes. II s'agit d'un avantage consenti pendant la période de transition, dont la durée prévisible est de six ans.

 

2. Plages supplémentaires travaillées au-delà du plafond statutaire.

 

Pendant la période de montée en charge, la limite posée par la directive européenne de 48 heures hebdomadaires en moyenne sur 4 mois ne pourra pas être respectée pour certaines catégories de médecins, en raison de la nécessité de maintenir la continuité du service public.

 

Les recrutements de nouveaux médecins ne pourront être effectifs au 1 er janvier 2002. Il est par conséquent indispensable de prévoir un dispositif de transition qui permette de compenser les plages de travail supplémentaires que les médecins hospitaliers devront accomplir pour garantir la continuité médicale, dans l'attente des recrutements et d'envisager une montée en charge progressive.

 

Pour ce faire, il convient de distinguer d'une part les disciplines et spécialités ne nécessitant pas de gardes sur place (pour lesquelles la sécurité est garantie par des astreintes) et les disciplines à permanence médicale où, pour garantir la sécurité des patients, des gardes médicales sur place sont nécessaires. Cette organisation est notamment effective pour les disciplines encadrées par des normes réglementaires (urgences, anesthésie réanimation, obstétrique).

 

Pour les disciplines ne nécessitant pas de garde, il est admis que la permanence médicale continuera à être assurée par un mécanisme d'astreinte.

 

12/09/01

 


Pour les disciplines à permanence médicale, dans l'attente des recrutements, les médecins continueront à assurer les gardes, qui donneront lieu à une rémunération en tant que telles.

 

Les plages de travail supplémentaires, hors gardes, effectuées au-delà du plafond (dix demi­journées ou 48 heures hebdomadaires pour les activités à temps continu) donneront lieu à une prime forfaitaire de sujétion exceptionnelle de 260 euros (1 705 F) brut par plage de 12 heures ou pour deux demi-journées.

 

12/09/01