LA FRANCE VA RECRUTER DES MÉDECINS À L'ÉTRANGER


PARIS, 27 novembre (Reuters Santé) - La France va recruter des médecins étrangers (hors Union européenne) en organisant dès 2003 un concours par spécialité qui leur sera ouvert pour accéder à un exercice dans les hôpitaux qui manquent cruellement de praticiens, a-t-on appris de sources concordantes.

Les hôpitaux manquent notamment de médecins anesthésistes, gynécologues obstétriciens, chirurgiens et beaucoup d'établissements publics doivent recruter des médecins étrangers d'une "manière sauvage" (hors cadre légal), alors que cette pratique est proscrite depuis 1999.

Intervenant à la mi-novembre à un Forum du Syndicat national des praticiens adjoints contractuels (Snpac), Patrice Blémont, représentant de la Direction de l'hospitalisation et de l'offre de soins (DHOS) au ministère de la Santé, a annoncé un "recrutement offensif".

"N'importe quel praticien, sans aucune condition de séjour, quelle que soit sa nationalité et quel que soit son diplôme -du moment bien sûr, qu'il est titulaire dans son pays d'origine du diplôme de la spécialité dans laquelle il veut concourir- pourra se présenter", a-t-il précisé. Une annonce qui devrait circuler rapidement auprès des candidats à l'immigration dans de nombreux pays n'offrant pas de débouchés à leurs médecins.

"C'est un tournant dans la politique française qui passe du zéro immigration à l'ouverture aux médecins étrangers", commente à Reuters Santé, le Dr Serdar Dalkilic, président du Snpac, un syndicat qui regroupe les médecins à diplôme étranger. "Ce concours va permettre de réguler l'immigration", se félicite-t-il, alors que les médecins étrangers ont dû se battre pendant dix ans pour obtenir un statut décent et une intégration dans la fonction publique hospitalière.

Dans les toutes dernières années, 2.000 médecins étrangers ont réussi le concours de praticien hospitalier, 6.000 ont pu être intégrés par le biais du certificat de synthèse clinique et thérapeutique (CSCT) ou les épreuves nationales d'aptitude à la fonction de praticien adjoint contractuel. Cependant ils restent encore "mal payés", juge-t-il. En outre, 3.000 d'entre eux sont encore sur le bas côté de la route avec un statut précaire.

Pour trouver rapidement des solutions et accélérer leur intégration, le Snpac demande une entrevue à Jean-François Mattei, ministre de la Santé.

De leur côté, l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (Isnih) et l'Intersyndicat national des chefs de clinique (Isncca) ont réagi cette semaine à l'annonce d'un recrutement de médecins étrangers, craignant l'insuffisance du niveau de formation exigé par les pouvoirs publics./yg